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5 juin 2008 4 05 /06 /juin /2008 11:00

Première chose à savoir, la production de sucre est tout sauf concentrée. Plus de cent pays en produisent. Les principaux producteurs étant le Brésil (16%), l'Inde (14%), la Chine (6%) et les Etats-Unis (4%).

Comme le disait à l'instant Gabriel, la production de sucre s'est emballée ces dernières années, mode des biocarburants oblige ! Deux chiffres pour vous convaincre : la récolte 2003/2004 a produit 144 millions de tonnes de sucre. On en prévoit cette année 170 millions de tonnes. Une hausse de 18%.
Pourquoi le sucre a-t-il décroché les trois derniers mois ? A cause des prévisions de récolte qui s'annoncent excellentes, notamment au Brésil. Voilà qui va conduire une fois de plus à un excédent, puisque l'offre devrait s'élever à 170 millions de tonnes pour une demande de 160 millions de tonnes. Bien.

Si vous êtes un trader, vous savez sans aucun doute que le cours actuel du sucre intègre cette donnée. Elle est déjà "dans les cours". Et c'est pour cela que le prix a baissé de presque 40% depuis mars.

En conséquence, si la récolte de cette année ne s'avère finalement pas aussi bonne que prévue -- les prévisions étant très optimistes et les aléas météorologiques souvent difficiles à prévoir --, cela offrirait au sucre un beau potentiel de rebond. L'agriculture est tout sauf une science exacte. Et comme personne n'a de boule de cristal, le champ des possibles est vaste.

Mais ce n'est pas tout...
L'Inde est le deuxième producteur mondial. Inutile de vous dire que ses décisions impactent le marché du sucre de façon conséquente. Or il se pourrait que le gouvernement indien décide de supprimer ses subventions à l'exportation pour le sucre. Il y réfléchit actuellement.

Bien sûr, rien n'est certain. Mais la conséquence d'une telle décision se traduirait par une baisse des exportations de sucre indien. Il y aurait donc moins de sucre disponible sur les marchés internationaux. Or c'est sur ces marchés que se forment les prix. Une baisse de l'offre pousserait le prix du sucre à la hausse.

Vous souvenez-vous du Baltic Dry Index ?
Je vous en parlais
la semaine dernière. Il reflète l'explosion du coût du transport maritime de marchandises sèches. Inutile de vous dire que ceci ne milite pas en faveur d'un boom des exportations. Plus les coûts de transport et de livraison du sucre seront élevés, plus le Brésil transformera son sucre en éthanol et le consommera lui-même.

N'oubliez pas que le carburant brésilien comporte déjà 20% d'éthanol. Nos amis brésiliens sont très en avance sur nous dans ce domaine. Depuis des mois, des automobiles sont commercialisées qui fonctionnent à 100% à l'éthanol !

Or plus le Brésil consomme lui-même son sucre (et moins il en exporte), moins son sucre se déverse sur les marchés internationaux. Et n'oubliez pas que le Brésil est le premier producteur et exportateur de sucre ! Encore un facteur potentiel de hausse du cours.

Ajoutez à cela un baril à 126 $...
A mon avis, le baril s'est durablement installé au-dessus des 100 $ ! Effet de cliquet oblige. La probabilité pour que le gouvernement brésilien dope un peu plus encore sa politique d'éthanol est donc très forte. Non seulement il y a intérêt, mais surtout il a les moyens de ses ambitions, étant le plus gros producteur de sucre. Pourquoi s'en priverait-il ?

Mettez-vous à sa place et voyez comment vous réagiriez. Alors ?

Dernier facteur qui pourrait influencer le marché : la saisonnalité
Les mois de janvier à mai sont statistiquement de mauvais mois pour le prix du sucre ces dernières années. Statistiquement toujours, le cours du sucre remonte en juin. Cette année sera-t-elle une année standard ? Nous le saurons rapidement...

N'oubliez pas : le sucre est un marché hyper spéculatif
Le sucre est l'un des marchés matières ou l'influence de la spéculation est la plus forte. Les cours peuvent évoluer de façon soudaine, très rapidement. Il faut avoir les nerfs bien accrochés. Ames sensibles, s'abstenir !

Comme vous le voyez, les arguments pour parier sur la hausse du sucre sont nombreux. Si on ajoute aux données techniques et graphiques de Gabriel mes deux ou trois idées, on peut se demander s'il faut se positionner sur le sucre. Celui-ci vient de passer sous les 10 cents.

Reste le problème du dollar...
Car lui aussi a un impact significatif sur le cours du sucre. Plus le dollar rebondit, plus le sucre en pâtit. Il faut donc se poser la question de savoir "où va le dollar ?". Et c'est précisément sur ce point que le doute est permis. A lui seul, le dollar est susceptible de faire voler en éclats tous les arguments haussiers sur le sucre.

Vous connaissez ma position : à court/moyen terme, je le vois reprendre des couleurs. Quant à sa tendance long terme, elle est très certainement sur le déclin.

Source : L'Edito Matières Premières du 3/06/08

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