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16 juin 2008 1 16 /06 /juin /2008 22:57

Selon les dernières Perspectives agricoles de l’OCDE et de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, les prix des produits agricoles devraient fléchir par rapport à leurs récents niveaux record mais devraient sur les dix prochaines années se maintenir, au dessus de leur valeur moyenne de la décennie passée.

Les prix élevés actuels frapperont plus durement les populations pauvres et qui souffrent de la faim, surtout les acheteurs nets de denrées alimentaires, en particulier dans les zones urbaines des pays à faible revenu. L’aide humanitaire est la meilleure solution à court terme, mais à plus long terme l’accent doit être mis sur l’augmentation de la productivité des exploitations agricoles dans ces pays ainsi que sur la croissance et le développement économique général.

Face à une augmentation des prix des produits alimentaires, la solution n’est pas le protectionnisme mais l’ouverture des marchés agricoles et la libération de la capacité productive des agriculteurs qui ont su, à plusieurs reprises déjà, répondre aux incitations du marché, comme l’a souligné le Secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurría, lors du lancement des Perspectives agricoles à Paris. Selon lui, les gouvernements peuvent faire davantage pour stimuler la croissance et le développement dans les pays pauvres afin d’améliorer le pouvoir d’achat des acheteurs les plus vulnérables de produits alimentaires.

Les prix des produits alimentaires et leur impact sur l’économie mondiale sera l’un des thèmes traités lors de la réunion du Conseil au niveau des Ministres de l’OCDE qui se tiendra à Paris les 4 et 5 juin 2008. Au cours d’une autre réunion qui aura lieu à Rome du 3 au 5 juin, les Chefs d’État et de gouvernement du monde entier examineront les politiques et les stratégies permettant d’améliorer la sécurité alimentaire dans le monde et de relancer l’agriculture dans les communautés rurales des pays en développement.

Le Directeur général de la FAO, M. Jacques Diouf, a déclaré à la Conférence de presse organisée pour le lancement des Perspectives agricoles à Paris, que des mesures cohérentes doivent être prises de toute urgence par la communauté internationale pour réduire l’incidence de l’augmentation des prix sur les populations pauvres et qui souffrent de la faim. Selon lui, 862 millions de personnes environ souffrent de la faim et de malnutrition aujourd’hui, ce qui souligne la nécessité de réinvestir dans l’agriculture. Il ne devrait plus faire de doute à présent que l’agriculture doit à nouveau faire partie du Programme d’action en faveur du développement.

Si l’on compare les moyennes de la décennie à venir à celles des dix dernières années, les prix réels, c’est-à-dire les prix nominaux corrigés de l’inflation, devraient, d’après le rapport, augmenter de moins de 10 % pour le riz et le sucre, de moins de 20 % pour le blé, et d’environ 30 % pour le beurre, les céréales secondaires et les oléagineux et jusqu’à 50 % pour les huiles végétales.

Une plus grande volatilité des prix n’est pas non plus exclue étant donné que le niveau des stocks devrait rester bas et qu’une partie de la demande de produits agricoles devient moins sensible aux fluctuations des prix. L’accroissement récent des opérations des fonds d’investissement sur les marchés à terme de marchandises pourrait aussi devenir une autre cause de la variabilité des prix. Le changement climatique peut également avoir des effets imprévisibles sur les récoltes et l’offre de produits végétaux.

Le rapport souligne également que la sécheresse dans certaines des principales régions céréalières du monde dans un contexte de faibles stocks a été une cause importante, mais transitoire, de l’envolée des prix ces deux dernières années. Des facteurs plus permanents, comme les prix élevés du pétrole, le changement des régimes alimentaires, l’urbanisation, la croissance économique et l’augmentation de la population mondiale expliquent aussi que les prix moyens devraient selon les prévisions être plus élevés dans les dix prochaines années qu’au cours de la décennie passée.

La demande croissante de biocarburant est un autre facteur qui contribue au renchérissement des prix. La production mondiale d’éthanol carburant a triplé entre 2000 et 2007 et devrait doubler encore d’ici à 2017, pour atteindre 127 milliards de litres par an.

La production de biogazole devrait passer de 11 milliards de litres par an en 2007 à environ 24 milliards de litres d’ici 2017. L’accroissement de la production de biogazole augmente la demande de céréales, de produits oléagineux et de sucre, contribuant ainsi à faire monter les prix des productions végétales.

Dans les pays de l’OCDE, cette croissance de la production du biocarburant a été jusqu’à présent déterminée en grande partie par les mesures des pouvoirs publics, et rien ne prouve selon le rapport, que les objectifs environnementaux, économiques et de sécurité énergétique des politiques en matière de biocarburants seront atteints avec les technologies de production actuelles. Le rapport suggère de poursuivre l’examen des politiques actuelles en matière de biocarburant.

Signalons parmi les conclusions de ce rapport que :

-  La consommation et la production augmentent plus vite dans les pays en développement pour tous les produits agricoles excepté le blé. En 2017, ces pays devraient dominer le commerce de la plupart des produits agricoles.
- Les prix élevés seront bénéfiques pour de nombreuses exploitations commerciales des pays développés et en développement. Toutefois, beaucoup d’agriculteurs dans les pays en développement ne sont pas liés au marché et sont peu susceptibles de bénéficier de l’augmentation des prix qui est prévue.
- Les tensions sur les marchés céréaliers devraient persister dans la mesure où les stocks ne devraient pas retrouver leurs niveaux élevés des dix dernières années.
- La consommation des huiles végétales tirées des graines oléagineuses et des palmiers à huile  connaîtra une croissance plus rapide que celle des autres plantes cultivées dans les dix prochaines années. Cette augmentation est déterminée par la demande de produits alimentaires et de biocarburants.
-  La part du Brésil dans les exportations mondiales de viande devrait se hisser à 30 % d’ici à 2017.

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