Signalons d'entrée de jeu deux données importantes concernant le maïs chinois.
Primo, avec une production de 156 millions (Ms) de tonnes en 2008 (1) -- soit 20% du total mondial --, la Chine est le deuxième
producteur de maïs du monde, derrière les Etats-Unis (300 Ms de tonnes (2)). Voilà donc une bonne raison de s'intéresser à ce marché qui, bien que peu connu encore en Occident, pourrait à
l'avenir jouer un rôle prépondérant.
Secundo, le marché chinois du maïs est un marché très politique : l'Etat, soucieux d'assurer la stabilité des prix, peut y
intervenir à tout moment pour influer sur ses cours, à la hausse comme à la baisse. Une telle omniprésence des pouvoirs publics est un élément qui compte, parfois de façon significative, dans
l'évolution des marchés.
(1) Source : Bureau national des céréales, organisme relevant du Ministère chinois des céréales.
(2) Source : Ministère américain de l'Agriculture (USDA).
De nombreuses interventions depuis décembre 2007
Entre 2006 et 2007, les prix du maïs domestique se sont envolés à des niveaux historiques. En novembre 2007 par exemple, il fallait 1 930 yuans (256 $) (1) pour acheter une tonne
de maïs dans la province du Zhejiang (sud) (2), soit 21,4% de plus que l'année précédente. Face à l'irrésistible ascension des cours, l'Etat chinois a décidé d'intervenir pour calmer le jeu.
Ainsi a-t-il, entre le 11 décembre 2007 et le 14 mars 2008, procédé à 12 ventes aux enchères successives. L'ensemble des opérations - portant sur une partie des stocks étatiques de maïs - a
consisté à vendre moins cher que les prix du marché.
(1) Sur le marché chinois du maïs, le cours est exprimé en yuan par tonne.
(2) Dans le sud de la Chine, les prix du maïs sont généralement plus élevés que dans les provinces du Nord (Heilongjiang, Liaoning, Jiling, Mongolie intérieure...), principales régions
productrices.
Opérations globalement efficaces
Cependant, porté à l'époque par un contexte de forte inflation des matières premières, le maïs n'avait que peu réagi aux "rappels à l'ordre" gouvernementaux, et avait poursuivi son parcours
haussier jusqu'à atteindre, vers mi-juillet 2008, un prix moyen de 1 768 yuans (255 $) la tonne (1). Au point qu'en août, l'Etat chinois a jugé nécessaire d'effectuer une nouvelle vente
aux enchères. Le coup a plutôt porté, puisque le prix moyen est descendu à 1 733 yuans (253 $) la tonne.
(1) Selon les provinces et les régions autonomes –- on en compte 29 en Chine continentale –-, les prix variaient de
1 620 yuans (237 $)/tonne à 1 970 yuans (288 $)/tonne.
Après les ventes, l'Etat chinois passe aux achats
Mais au moment où nombre d'experts chinois auguraient une autre intervention étatique du même genre, le marché du maïs s'est brusquement retourné, victime notamment de la crise financière
enclenchée en septembre. Les prix se sont alors mis à baisser partout en Chine...
Prenons le maïs du Heilongjiang : son prix est tombé de 1 640 yuans (239 $) /tonne fin juillet à
1 380 yuans (201 $)/tonne début novembre. Soit une chute de 15,9% en à peine quatre mois. Pour stopper l'hémorragie, l'Etat chinois n'a pas tardé à passer à l'action : entre
fin octobre et mi-décembre il a, à trois reprises, racheté du maïs à des prix... supérieurs à ceux des marchés. Résultat : les cours ont remonté de 5%.
L'offre dépasse la demande
La relative efficacité de ces initiatives s'explique aisément : les trois dernières opérations effectuées par les autorités chinoises avaient pour but de racheter 3 000 tonnes de
maïs, ce qui représente 20% de la production nationale pour 2008, et 50% de la production des trois principales régions productrices de la Chine (Heilongjiang, Jilin, Liaoning). Rien d'étonnant à
ce que le gouvernement chinois soit en mesure de contrôler les cours du maïs.
Mais les interventions musclées de Pékin mettent surtout en lumière un fait inquiétant : les fondamentaux du marché chinois du
maïs se sont considérablement dégradés depuis septembre. En effet, alors que l'offre s'est établie à 156 Ms de tonnes, la demande, quant à elle, a nettement reculé, pour tomber à un chiffre
bien inférieur aux 145 Ms de tonnes initialement prévus
Quelle tendance pour 2009 ?
Conscient de la gravité de la situation, l'Etat chinois s'est fixé pour objectif de soutenir les cours jusqu'à fin avril 2009, en rachetant au moins 3 000 tonnes supplémentaires.
Certes, l'évolution des prix du maïs sur le marché chinois est assujetti à de nombreux facteurs : équilibre entre l'offre et la demande, les conditions climatiques, les prix sur le CBOT (qui
impactent les prix du maïs chinois à l'export), les cours du brut (qui influent sur la demande d'éthanol et donc de maïs)... Mais les interventions étatiques pourraient y exercer une influence
non négligeable, voire déterminante.
S'il est difficile d'affirmer aujourd'hui que le marché a touché le fond, nous sommes prêts à parier que les prix du maïs chinois
pourraient, cette année, évoluer entre 1 400 (204 $) et 1 800 yuans (234 $)/tonnes.
Source : L'Edito Matières Premières & Devises du 12/02/09
Un petit graphe (essai de tracé) sur le maïs pour nos amis du Sud Ouest à 14 h 30 :
Sentiment : nous sommes à la limite de la rupture, à moins que celle-ci est déjà commencée !
A suivre avec la clôture de ce soir (mise en ligne à partir de 19 h 30).
Clôture du 13 février pour le Maïs sur le Cbot échéance mars 2009 à 3,63 $ (soit - 3 cts).
Les cours s'enfoncent un peu plus cassant de - de 2 % le canal haussier (donc sortie non confirmée ce vendredi) mais il va falloir que les cours se ressaississent dès lundi sous peine de prolonger
la spirale baissière avec pour objectif le retour sur la base du canal baissier à 3,30 $.